L’impact du conflit armé sur les enfants en Colombie

impact du conflit armé sur les enfants en Colombie

Paola Cuaran

Amérique Latine

Colombie

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*Traduction libre pouvant contenir des erreurs. Consulter l'article original en espagnol. 

L'article 38 de la Convention relative aux droits de l'enfant, dont la Colombie fait partie, oblige les États à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection et la prise en charge des enfants touchés par un conflit armé.

De même, le Protocole facultatif concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés interdit expressément l'implication d'enfants de moins de 18 ans dans les conflits armés. Cependant, malgré l'existence d'un large éventail de réglementations internationales et nationales sur la protection des enfants en Colombie, le recrutement et l'utilisation de mineurs sont des pratiques courantes des groupes armés impliqués dans le conflit armé qui sévit à l'intérieur du pays.

 
Photos : Archives COALICO - Oscar Fernando Cobo

 

Des enfants et des adolescents victimes de la guerre

La situation de vulnérabilité dans laquelle se trouvent de nombreux enfants dans le contexte du conflit armé colombien est alarmante. Beaucoup d'entre eux sont affectés par les attaques des groupes armés contre leur population. Ces enfants peuvent mourir ou perdre des membres de leur famille. Dans certains cas, ils sont arrachés à leur foyer pour intégrer de force des groupes armés organisés (des groupes armés paramilitaires post-démobilisation, des guérillas ou encore des groupes dissidents des FARC-EP) et participent directement à la dynamique de la guerre. Dans certaines circonstances, les mineurs prennent « volontairement » part au conflit lorsqu'ils sont persuadés ou croient aux fausses promesses de leurs recruteurs, qui leur offrent argent, statut social, respect et visibilité. Dans d'autres cas, ils sont contraints de rejoindre ces groupes par des menaces et des actes violences. Une fois recrutés, ils sont utilisés pour faire des activités illicites et sont soumis à un processus complexe de déshumanisation qui les prépare à tuer avec indifférence et sans remords.

Historiquement, les enfants associés aux groupes armés se voient refuser le statut de victimes, car, dans de nombreux cas, cette pratique a été considérée comme étant un acte volontaire selon les récits des enfants qui en ont été dissociés. Cependant, l'implication, l'utilisation ou le recrutement d'enfants dans des groupes armés n'est pas un processus volontaire, même si ces enfants donnent leur consentement au moment de leur intégration. L'implication est un acte de force facilité par les conditions sociales, politiques et économiques dans lesquelles se trouvent des milliers d'enfants en Colombie. Qui plus est, les mineurs sont utiles aux intérêts de la guerre. Les groupes armés profitent de l'implication des enfants, qui proviennent généralement de foyers très pauvres et qui, dans de nombreux cas, ont abandonné l'école. Les enfants plongés dans cette dynamique n'ont pas de réseaux de soutien et vivent généralement dans des territoires abandonnés par l'État, avec très peu d'opportunités pour assurer leur développement. En outre, en raison de leurs conditions, les enfants sont facilement manipulables, une situation dont profitent les recruteurs pour les soumettre à un processus d'endoctrinement psychologique et physique qu'ils ne seront probablement pas en mesure de contester.

Photos : Archives COALICO - Oscar Fernando Cobo

 

Des dommages irréparables

L'implication des mineurs dans les groupes armés par le biais de l'utilisation et du recrutement n'est pas seulement une pratique qui viole les droits de l'homme et le droit international humanitaire, mais cette expérience au sein du groupe armé représente aussi pour les enfants la violation continue et simultanée de tous leurs droits tels que le droit à la vie, à l'intégrité physique, à l'intégrité sexuelle, à la liberté personnelle, à l'éducation, ou encore à avoir une famille et à ne pas en être séparé. Les enfants impliqués dans la guerre sont tués ou mutilés, soit en tant que combattants, soit en tant que membres des communautés touchées. Lorsqu'ils survivent, ils sont confrontés à des conséquences psychologiques fortement dommageables et durables. Les enfants sont également victimes d'agressions sexuelles. En général, les statistiques montrent que les filles sont plus susceptibles d'être agressées sexuellement que les garçons. Toutefois, il ne faut pas oublier que le taux de signalement des viols commis sur des enfants est très faible en raison de la stigmatisation qui y est attachée, notamment dans les structures patriarcales.

Le processus de réintégration sociale des enfants présente des défis importants, car ils perdent leurs liens avec leurs familles et leurs communautés lorsqu'ils s'engagent dans des groupes armés. Les enfants courent le risque d'être stigmatisés et marginalisés par leur communauté et leur famille, de perdre la possibilité d'aller à l'école et de se développer intellectuellement. Dans de nombreux cas, étant donné le manque d'opportunités et l'absence de formation professionnelle, ils sont contraints de poursuivre la délinquance. En outre, la grande majorité des mineurs démobilisés souffrent du syndrome de stress post-traumatique, qui peut les affecter pour le reste de leur vie. En bref, le conflit armé les empêche de vivre l'étape la plus importante de leur vie, ce qui affecte gravement leur identité, leurs émotions, leur façon d'entrer en relation avec les autres et de comprendre le monde.

Face à ces circonstances, il est important que les différents secteurs de la société civile, gouvernementale et internationale soutiennent les initiatives qui favorisent les projets visant à prévenir l'utilisation et le recrutement de mineurs par les groupes armés. Il est également important de mettre en œuvre des actions communes pour les parcours de soins des enfants victimes de ce crime. Ces efforts doivent se concrétiser par la garantie et la jouissance effective de leurs droits, toujours avec la conviction qu'ils méritent de naître et de grandir dans un environnement de paix, dans lequel le droit à l'éducation leur est garanti, mais aussi à l'appartenance à une famille, à l'amour de leurs parents, à l'accès aux services de santé, aux loisirs et, en général, à la possibilité de développer toutes leurs potentialités, dans des conditions d'égalité et sans discrimination.

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