Analyse de la protection de l’enfant au Sénégal

Afin de mieux comprendre les défis liés à la protection de l’enfant et à la lutte contre les violences qui leur sont faites au Sénégal, le Bureau international des droits des enfants, en collaboration avec ses partenaires dans le cadre du projet Autonomisation des filles et des acteurs de première ligne contre les violences sexuelles et sexistes – Xalé Sama Yité, a dressé l’état des lieux du système national de protection de l’enfant, et de sa capacité à prévenir et éradiquer les violences faites aux enfants. 

Un travail de recherche a été mené entre mars et août 2021 dans les villes de Dakar, Saint-Louis et Fatick, en collaboration avec les partenaires du projet. L’objectif était de récolter des données afin de pouvoir analyser le contexte du pays en matière de protection de l’enfant. Cette analyse préliminaire, aussi appelée État des lieux, servira de base aux efforts de renforcement de la protection de l’enfant au Sénégal. Elle assure de mettre en œuvre le projet et ses activités en s’assurant de leur adaptation au contexte et aux réalités du pays et de prendre en compte les besoins identifiés par les différents acteurs impliqués, institutionnels comme de la société civile, ainsi que les préoccupations exprimées par les enfants. 

Validation de l’état des lieux par les enfants, Dakar, Septembre 2021

Validation de l’état des lieux, Saly, Septembre 2021

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une volonté de mieux faire qui se heurte aux réalités économiques et humaines

Visites de terrain dans le cadre de la conception de l’État des lieux, Fatick

L’analyse du contexte sénégalais démontre une volonté de l’État de protéger les enfants du pays efficacement, et note la présence de nombreux acteurs (institutionnels et de la société civile) engagés pour la protection de leurs droits. Mais plusieurs lacunes persistent : le cadre légal pourrait être renforcé, et un manque de ressources matérielles, humaines et financières affecte la mise en œuvre des droits de l’enfant dans le pays. Les services de protection sont inégalement répartis sur le territoire, et les structures adaptées pour accueillir et accompagner les enfants sont trop peu nombreuses et restent difficilement accessibles. À cela se rajoute un manque de ressources humaines qualifiées et aptes à offrir un accompagnement adapté aux besoins spécifiques des enfants.

Malgré des initiatives visant à informer les enfants des recours possibles en cas de violence ou de non-respect de leurs droits, ces derniers restent peu informés des services et des ressources disponibles, et peu outillés pour avoir le courage de signaler un cas. De manière générale, la participation des enfants à leur propre protection à celle de leurs pairs est en défi majeur, et se heurte au manque de formation des personnes interagissant avec eux mais aussi à un manque d’espace collectif pour faire entendre leur voix.

Sur la base de ces observations, plusieurs recommandations ont été formulées pour obtenir une meilleure mise en œuvre des droits de l’enfant au Sénégal et surmonter les obstacles à l’éradication des violences sexuelles et sexistes à l’égard des enfants. Des pistes de renforcement des compétences ont été identifiées pour les professionnelles et professionnels des quatre secteurs visés par le projet (forces de sécurité, secteur social, justice et secteur pénitentiaire). 

Quelques exemples de recommandations formulées : 

  • Adopter à brève échéance le projet de Code de l’enfant
  • Systématiser la mise à disposition de mesures protectrices pour les enfants victimes et témoins, telles qu’un appui
    psychosocial et un accès aux services de santé et juridiques
  • Implanter la présence d’éducatrices et d’éducateurs spécialisés ou de travailleuses et de travailleurs sociaux dans les
    commissariats et postes de police, afin de garantir des interventions adaptées aux enfants
  • Multiplier les brigades des mineurs sur l’ensemble du territoire et y affecter les ressources humaines et matérielles
    adéquates
  • etc.

Cet état des lieux a par ailleurs été adapté pour les enfants, sous la forme d’une bande dessinée, pour les aider à se familiariser avec le contexte lié à leurs droit et les recours possibles en cas de violence.

Lire la synthèse de l’état des lieux au Sénégal

Un lancement officiel 

L’état des lieux a été dévoilé au grand public le 6 décembre dernier à Dakar, en présence de plus de 50 représentantes et représentants des secteurs du projet, des institutions étatiques et des écoles de formation partenaires, de la société civile ainsi que deux enfants des associations partenaires. À cette occasion, les enfants ont pu interpeller les acteurs étatiques sur plusieurs aspects, comme la perception des enfants en conflit avec la loi par les adultes.

Dans le cadre de ce lancement, le Bureau a fait une apparition au téléjournal de 20h sur RTS1, une chaîne d’information sénégalaise : pour visionner l’extrait, c’est par ici.

   

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