Gözde Erdogan a été déployée en Tunisie en tant que conseillère juridique volontaire dans le cadre du projet « Protection des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables (PRODEF) », mis en œuvre par le Bureau international des droits des enfants et Avocats sans frontières Canada (ASFC), grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
Tout juste rentrée à Montréal après la fin de son mandat, Gözde a pris le temps de venir parler de son expérience en tant que coopérante volontaire avec le personnel de l’IBCR le mercredi 14 août 2019.
Durant son mandat de coopération, Gözde a été déployée pour assister deux associations tunisiennes. Elle a ainsi été accueillie au sein de deux nouveaux partenaires de l’IBCR : le Tunisian Forum for Youth Empowerment (TFYE), une association œuvrant pour la protection des droits de l’enfant et des jeunes, et ADO+, une association qui concentre ses actions sur les adolescent.e.s à travers une démarche innovatrice qui utilise l’art théâtral et la culture civile et politique pour sensibiliser le public. Les deux associations ont été fondées en 2011 dans un contexte postrévolutionnaire.
Gözde a accompli plusieurs missions lors de son mandat, allant de la réalisation d’ateliers à la rédaction de nouveaux projets en passant par la mise en place d’un réseau de contacts avec d’autres associations œuvrant pour la protection de l’enfance. Elle a également élaboré un Code d’éthique et de bonnes pratiques destiné auxdites organisations tunisiennes, en partenariat avec des spécialistes des droits de l’enfant. Elle évoque avec fierté l’implication des enfants et adolescent.e.s dans la réalisation du Code dans un souci d’assurer leur participation, principe directeur de la Convention relative aux Droits de l’Enfant.
Un des moments les plus marquants de son mandat a été l’organisation d’ateliers sur les droits de l’enfant pour sensibiliser des adolescent.es. Ces derniers devaient créer des scènes d’improvisation théâtrale sur des cas pratiques liés aux droits de l’enfant (par exemple, le travail des enfants et l’exploitation sexuelle des enfants), l’objectif étant de déterminer quels droits étaient bafoués, comment remédier à la situation en tant que citoyen.ne, etc. En moins d’une heure trente, les adolescent.e.s ont réussi à monter une présentation théâtrale aboutie. Cela leur a permis non seulement de s’exprimer mais aussi d’entamer une discussion sur ce sujet.
Aux prochain.e.s coopérant.e.s volontaires, Gözde conseille d’effectuer des recherches préliminaires sur le contexte politique et socio-culturel de leur pays d’affectation. Elle explique également que l’adaptation à un nouveau pays est un défi continuel et est un processus long et recommande vivement de faire des activités en dehors du travail pour se changer les idées et faire de nouvelles connaissances.
Pour conclure sa présentation, Gözde a parlé des progrès qui restent à accomplir en Tunisie par rapport aux droits de l’enfant. Bien que le pays soit considéré comme avant-gardiste dans le domaine en raison de l’adoption d’un Code de protection de l’Enfant en 1995 et de l’engagement de la société civile depuis 2011, l’application de ce Code reste encore un défi aujourd’hui. Il y a notamment des Délégués de protection de l’enfance dans les 24 gouvernorats du pays, mais une grande partie de la population tunisienne n’est pas informée sur les mécanismes de protection de l’enfance. Par exemple, en vertu du Code de protection de l’Enfant, chaque citoyen.ne et résident.e en Tunisie est tenu.e de signaler une situation portant préjudice à un enfant au Délégué de protection de l’enfance. Malheureusement, cette obligation légale reste encore trop peu connue. Gözde évoque également le haut taux de violence et la négligence envers les mineurs qui perdurent en Tunisie.
La coopérante a terminé sa présentation sur une note positive en évoquant un engagement réel au sein de la société civile tunisienne envers les enfants et les adolescent.e.s, dont la participation est de plus en plus prise en considération, ce qui lui donne espoir pour l’avenir.