La Journée internationale de l’enfant africain en Côte d’Ivoire : perspective d’une coopérante

L’auteure, Odile Caron, est conseillère juridique volontaire déployée en Côte d’Ivoire dans le cadre du projet « Protection des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables » mis en œuvre par le Bureau international des droits des enfants (IBCR) et Avocats sans frontières Canada (ASFC), grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Son mandat pour huit mois est d’apporter un appui technique à six cliniques juridiques sous la direction de l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI) afin d’améliorer l’accès à la justice pour les populations les plus vulnérables.)

Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes le 16 juin 2016 et c’est la journée internationale de l’enfant africain. Aujourd’hui, nous commémorons les évènements tragiques de Soweto et nous célébrons l’enfance africaine.

Nous nous rappelons donc que le 16 juin 1976 à Soweto des milliers d’étudiants Sud-Africains manifestaient et réclamaient le droit à une éducation de qualité dans leur propre langue et que durant cette journée et les semaines qui suivirent, plusieurs centaines de manifestants ont été blessés et tués.[1] Au-delà de la tristesse et de l’injustice que ces évènements tragiques peuvent nous faire ressentir, il est important d’y percevoir le grand courage de ces jeunes qui ont osé s’exprimer et faire valoir leur droit fondamental à l’éducation. Ainsi, quarante ans plus tard, en cette journée internationale de l’enfant africain, il n’est pas question de s’attarder à la souffrance ou à l’horreur du passé, mais plutôt de s’inspirer du courage et de la force de ces étudiants afin de continuer la lutte pour un meilleur respect des droits des enfants en Afrique et ailleurs dans le monde.

Les célébrations de la journée internationale de l’enfant africain ont pour thème cette année le droit à la participation, c’est-à-dire, le droit de l’enfant de s’exprimer et d’être entendu.[2] Ce droit est consacré dans plusieurs articles de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (Art. 12, 13, 14, 15 et 17).[3] Par ailleurs, il englobe plusieurs autres droits et libertés tels que le droit d’être entendu, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de pensée, de conscience et de religion, la liberté d’association et le droit à l’information. [4]

En Côte d’Ivoire, où les parents et la communauté occupent une grande place dans la vie de l’enfant et où ce dernier ne possède que très peu de voix et d’influence sur les décisions qui le concernent, ce thème et cette journée revêtent une importance particulière. Il s’agira donc par les évènements qui seront organisés aujourd’hui et dans les jours à venir de sensibiliser la population ivoirienne et d’affirmer fermement que l’enfant ivoirien est un être humain à part entière, qu’il possède des opinions et que nous, les adultes, avons la responsabilité de les prendre en considération lors de toutes questions les concernant.

Dans le cadre de mon mandat avec l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI), j’ai récemment développé et donné une formation conjointe avec la Division des droits de l’homme de l’ONUCI sur le droit à la participation de l’enfant à San-Pédro. Je sais donc pertinemment qu’il s’agit d’un droit qui à bien des égards choque et dont l’application peut paraître tout à fait ridicule. Toutefois, lors de cette activité et à travers différentes mises en situation qui ont suscité de vifs débats et de nombreux fous rires, mes collègues et moi avons essayé de démystifier le droit à la participation de l’enfant et sa mise en application dans le cadre de leurs fonctions. Bien qu’en quelques heures, nous n’avons pas pu explorer l’entièreté du sujet, nous avons néanmoins amorcé de manière certaine une réflexion et un changement à cet égard.

Finalement, dans le cadre de la journée internationale de l’enfant africain en Côte d’Ivoire, l’Unicef a invité la population ivoirienne à réfléchir à certaines questions : « Que faisons-nous pour garantir le droit à la participation aux enfants de Côte d’Ivoire ? Écoutons-nous leurs voix ? Prenons-nous en considération leurs opinions dans nos prises de décisions les concernant ? » De la même manière, je souhaite inviter les Canadiens et les Canadiennes à célébrer la journée internationale des enfants africains en se posant les mêmes questions et en sensibilisant leur entourage aux enjeux fondamentaux qui la sous-tendent.

[1] Fonds des Nations Unies pour l’enfance. Journée de l’enfant africain. Disponible en ligne à : http://www.unicef.org/cotedivoire/french/protection_2391.html (Consulté le juin 2016).

[2] Id.

[3] Fonds des Nations Unies pour l’enfance. Le droit à la participation. Fiche 8 : Enseignants. Dossier Pédagogique/ Collège – Les droits de l’enfant. p.1.

[4] Id.