Ce mercredi 25 février, Amy Cooper, spécialiste en éducation à Equitas – Centre international d’éducation aux droits humains et Guillaume Landry, directeur général de l’IBCR sont intervenus lors d’une audience auprès de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, aussi appelée « Commission Laurent ». En tant que représentants d’un collectif de 16 organisations de la société civile québécoise œuvrant à la protection et au bien-être de l’enfant, ils ont pu présenter et illustrer les propositions et recommandations formulées par le collectif dans une lettre adressée à la Commission en décembre 2019.
Ils ont ainsi plaidé pour une révision du système de protection de la jeunesse au Québec et de ses approches, en détaillant 4 recommandations principales :
- Prendre en compte de la complexité des trajectoires de vie de chaque enfant
- Écouter et impliquer l’enfant dans la défense de ses droits
- Outiller notre société pour prendre soin de ses enfants
- Surveiller et agir pour assurer aux enfants du Québec une protection juste
Pendant près d’une heure, ils ont pu échanger avec les commissaires sur les limites du système de protection de la jeunesse actuel au Québec, notamment le manque de souplesse quant à la variété de situations et d’identités des enfants, qu’on cherche trop souvent à faire entrer dans des cases déterminées.
Ils ont également pointé du doigt le manque d’implication des enfants aux processus de décision qui les concernent, et rappelé l’importance de la participation de l’enfant, un de ses droits fondamentaux énoncé dans la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par le Canada en 1991. Les enfants sont des agents de changement entièrement capables d’exprimer leurs opinions et de jouer un rôle actif dans leur existence dès aujourd’hui, et il faut revoir notre approche globale en tant que système pour les considérer ainsi. Le collectif recommande donc d’écouter et d’intégrer les enfants dans les instances politiques à tous les niveaux de la société, par des mécanismes de participation tels qu’un parlement ou comité d’enfants, et des cadres de gouvernance des enfants dans les lieux qu’ils fréquentent (écoles, centres jeunesse, services spécialisés de la santé, du travail social, etc.).
De plus, le collectif a souligné les lacunes en matière d’éducation aux droits de l’enfant tant chez les enfants, pourtant les premiers concernés, que chez les professionnel-l-es de la protection de l’enfance et les décideur-se-s au niveau politique et institutionnel. Il appelle donc à mieux former et outiller ces professionnel-le-s en intégrant des formations spécifiques aux droits de l’enfant aux programmes des écoles et des organismes qui travaillent avec des enfants, et en les incitant, ainsi que les décideurse- s, à appliquer ces droits à leur niveau.
Enfin, le collectif saisit l’opportunité donnée par la Commission pour militer en faveur de la création d’une instance indépendante, imputable et impartiale chargée d’enquêter et de formuler des recommandations sur la prise en compte des droits de l’enfant dans les institutions et la société québécoise. Ombudsperson, défenseur des droits… de nombreux exemples existent dans nos provinces et dans le monde, dont le Québec pourrait s’inspirer.
Au cours de l’audience, les commissaires ont salué le travail du collectif et la pertinence de ses propositions et de ses idées novatrices.
L’audience a été enregistrée, et peut être visionnée en suivant Le lien ci-dessous :