Tunis, capitale de l’Espoir

L’auteure, Dorra Bannouri est actuellement déployée en Tunisie en tant que Conseillère en politique de protection de l’enfance, dans le cadre du projet « Protection des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables (PRODEF) », mis en œuvre par le Bureau international des droits des enfants et Avocats sans frontières Canada (ASFC), grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Son mandat consiste à appuyer l’association Amal à Tunis.

Dans un mandat de coopération internationale on a toutes sortes d’attentes, toutes sortes d’appréhensions. Il est possible qu’on ait déjà visité, vécu dans la ville ou le pays où le travail terrain va se faire, mais jamais, nous ne sommes totalement prêts à l’immersion qui nous attend.

Pour le coup, j’ai grandi à Tunis, capitale au cœur méditerranéen, à l’odeur de jasmin, et dont la brise estivale nous caresse tout au long de l’année. Aujourd’hui, j’ai la chance de travailler avec un partenaire local exceptionnel : l’organisme Amal pour la famille et l’enfant. Amal en arabe veut dire espoir.

Donner de l’espoir, je ne savais pas à quel point l’organisme en était capable avant d’arriver sur le sol tunisien, avant de côtoyer les différents centres et les différentes structures mises en place pour répondre aux besoins des personnes en situation de vulnérabilité, notamment, les femmes, les mères célibataires, les jeunes en difficulté, et les enfants des quartiers où l’accès à l’éducation et aux loisirs reste très limité.

Je n’avais jamais entendu parler de Amal auparavant. L’existence de cet organisme sur Internet et les médias se fait très discrète. Je ne savais pas dans quel paysage j’allais faire mon immersion.

Et c’est totalement, complètement, avec tous mes sens et mes sentiments que j’ai découvert l’ampleur de ce qui pouvait être fait par la société civile tunisienne. On n’en parle pas assez, on n’en parle pas du tout. En matière de justice, d’accès aux droits, d’égalité, d’accès au marché du travail, dans le domaine de la formation, de l’éducation, de la sensibilisation à tous les aspects du quotidien, j’ai découvert un éventail d’organismes qui luttent tous les jours pour l’ascension de ces collectivités en situation de précarité.

J’ai vu des responsables en formation, en insertion professionnelle, des juristes, des médecins, dédier leur carrière pour faire valoir les droits de personnes souvent délaissées, dans un contexte où l’instabilité économique fait ravage.

Suite à la révolution tunisienne en 2011, les institutions, le marché du travail se sont vus déstabilisés, et les inégalités ont augmenté.

Personne ne prétend pouvoir changer le monde. Mais certaines personnes ont osé l’imaginer, le souhaiter et se projeter dans une société plus équitable, plus juste. Cette bataille est loin d’être achevée, mais cette bataille est noble, car elle émane d’un peuple qui s’exprime pour le peuple, d’organismes dédiés pour faire valoir les droits de ce peuple, dans un seul objectif : vivre mieux tout seuls pour mieux vivre ensemble.

Photo prise durant le lancement du projet INCORPORA avec l’Organisation Internationale des Nations Unies pour la migration. Un projet qui vise: « à mettre en place une méthodologie pour explorer d’un côté les modalités concrètes d’accès à la formation et au monde du travail au profit des populations en situation ou en risque d’exclusion sociale et, d’un autre côté, de déterminer les différentes démarches de prospection auprès d’entreprises qui pourraient faciliter le processus d’insertion professionnelle de ces populations vulnérables en Tunisie. » Pour plus d’information: http://www.tunisia.iom.int/news/lancement-officiel-du-programme-incorpora-en-tunisie