La Foire Amazonienne comme cadre pour parler de l’exploitation sexuelle au Pérou

L’auteure, Christine Richard, est actuellement déployée au Pérou en tant que conseillère en travail social volontaire dans le cadre du projet « Protection des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables (PRODEF) », mis en œuvre par le Bureau international des droits des enfants et Avocats sans frontières Canada (ASFC), grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Christine a ainsi débuté son mandat de six mois en juin 2019, au sein de l’organisation CHS-Alternativo.

À la mi-août 2019, la ville d’Iquitos a été l’hôte de la 9e Foire Amazonienne au Pérou. Des centaines d’artisan-e-s, productrices et producteurs, entreprises privées de l’Amazonie, organisations et ministères étaient sur place pour présenter leurs produits et services mettant en valeur la culture amazonienne.

L’organisation CHS-Alternativo était également présente sur les lieux afin d’informer le public de la foire sur ses services et, particulièrement, sur un enjeu problématique dans la région de l’Amazonie : l’exploitation sexuelle des enfants.

Au Pérou, l’exploitation sexuelle possède deux visages : la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle et, l’exploitation sexuelle d’enfants hors du contexte de traite. Ces deux situations peuvent partager certaines similarités, mais il s’agit de situations très différentes, soumises à des législations distinctes au Pérou. Le processus de reconstruction des victimes peut également varier d’une situation à l’autre.

La traite des personnes

La traite de personnes a nécessairement pour objectif le contrôle partiel ou total d’une personne à des fins d’exploitation. CHS-Alternativo révèle dans ses rapports qu’au Pérou, cette exploitation peut prendre la forme de travail forcé et sans rémunération décente, d’exploitation sexuelle, de trafic humain, de mendicité ou encore, dans des cas très rares, d’extraction ou de trafic d’organes.

Dans la réalité péruvienne, la majorité des cas de traite résultent d’une tromperie pour amener la victime à se déplacer volontairement. Des offres de travail alléchantes et des manœuvres de séduction sont des méthodes courantes de captation visant à amener une personne loin de ses repères pour l’isoler.

Il arrive également que la victime soit confiée par sa famille à un proche pour lui permettre de vivre une vie meilleure et de rompre avec le cycle d’exclusion sociale et d’extrême pauvreté dans lequel elle vit, mais qu’elle se retrouve finalement enfermée et privée de communication avec ses proches.

L’exploitation sexuelle de filles, garçons et adolescent-e-s

CHS-Alternativo considère l’exploitation sexuelle comme étant l’utilisation du corps à des fins sexuelles ou érotiques en échange d’argent, d’un bien ou de « bénéfices » (argent, cadeaux, nourriture ou encore bons résultats scolaires), non forcément perçus par la victime.

Dans le cas de mineur-e-s, il s’agit d’un délit criminalisé par les lois péruviennes, et ne peut en aucun cas être considéré comme de la prostitution (tel qu’énoncé dans la loi n° 30963 portant sur le délit de l’exploitation sexuelle).

Les différentes formes d’exploitation sexuelle au Pérou

Au Pérou, l’exploitation sexuelle de mineur-e-s et la traite de personnes ayant pour finalité l’exploitation sexuelle sont considérés comme étant deux délits distincts, avec des contextes et des formes différentes.

Une personne mineure exploitée sexuellement dans le contexte de la traite de personnes a été captée, contrôlée et exploitée pendant une période de temps circonscrite à la période de captivité. Lorsque termine la situation de traite de personne, la situation d’exploitation sexuelle prend également fin, bien que les conséquences sur l’enfant perdurent.

D’un autre côté, hors du contexte de traite, l’environnement direct de la victime – parents, famille élargie, communauté, etc. – joue un rôle actif dans sa situation d’exploitation, qui peut être directement encouragée pour en retirer un bénéfice et ainsi contribuer au revenu familial. Dans cette situation, les victimes ne sont alors pas nécessairement considérées comme tel par leur entourage.

L’exploitation sexuelle de mineur-e-s dans l’industrie du tourisme et du voyage

L’exploitation sexuelle de mineur-e-s s’illustre également à travers l’industrie du tourisme et du voyage, un problème connu sur la scène internationale. Depuis quelques années, le Pérou émerge comme une nouvelle destination pour l’exploitation sexuelle d’enfants, un problème croissant auquel les autorités doivent faire face. Ce phénomène affecte particulièrement les territoires de Lima, Madre de Dios, Cusco et Loreto, dont la capitale est la ville d’Iquitos.

Focus : le processus de reconstruction des victimes

Les victimes d’exploitation sexuelle peuvent avoir intériorisé la notion qu’elles doivent remplir des responsabilités d’adultes et répondre aux demandes à caractère sexuel que les personnes adultes leur sollicitent. Un important travail doit être réalisé auprès de la victime et de son environnement direct afin qu’elle puisse déconstruire ses conceptions parfois erronées de relations interpersonnelles et sexuelles, de responsabilités, de valorisation et d’estime personnelle, pour n’en mentionner que quelques-unes.

Lorsque la situation d’exploitation était vécue durant différentes étapes de son développement, les racines de la situation sont profondes et intériorisées par la victime, et le processus de guérison et de reconstruction prend du temps.

L’équipe de CHS-Alternativo, en compagnie de Christine Richard, a donc profité de cette immense Foire Amazonienne et de son grand mouvement de tourisme national afin d’éduquer le public aux circonstances, aux impacts et aux pistes de solution face à l’exploitation sexuelle des filles, des garçons et des adolescent-e-s.

Grâce à des jeux, des dépliants et avec l’appui de la Direction Régionale du Commerce Extérieur, du Tourisme et de l’Artisanat (DIRCETURA), CHS-Alternativo a informé des centaines de personnes au sujet de ce problème et du soutien offert aux victimes.

 

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