Girasoles & Trayectorias Juveniles : Deux projets qui visent à renforcer l’employabilité de jeunes au Costa Rica

L’auteure, Diana P. Carvajal, est conseillère juridique bénévole. Elle a été déployée au Costa Rica dans le cadre du projet « Protection des enfants, des femmes et autres collectivités en situation vulnérable » (PRODEF). Ce projet est actuellement mis en œuvre par Avocats sans frontières Canada (ASFC) et le Bureau international des droits des enfants (IBCR), grâce à l’appui financier du gouvernement canadien, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Au Costa Rica, elle a aidé la Fondation Paniamor à promouvoir et les droits de l’enfant et la prévention de la violence, des sévices et de l’exploitation des enfants.

11 janvier 2019. Le Costa Rica jouit d’une assez bonne image en tant que paradis paisible et touristique. La décision prise il y a des décennies de ne pas avoir d’armée et l’environnementalisme omniprésent renforce cette image. Personnellement, j’admire la décision de rejeter des projets miniers que les autorités du pays ont considérés comme comportant des risques de dommages à l’environnement et de potentielles graves conséquences pour la santé humaine.

En tant que conseillère juridique bénévole, j’ai notamment renforcé les compétences du partenaire de l’IBCR, la Fondation Paniamor, tout en faisant la promotion et de la sensibilisation aux droits de l’enfant et à la prévention de la violence, des abus et de l’exploitation. Mon rôle m’a permis de travailler sur des questions que la plupart ne reconnaîtraient pas dans un tel paradis. Bien que le Costa Rica soit connu pour avoir une économie stable et qu’il soit classé comme un pays à revenu moyen supérieur, les inégalités persistent. Cette inégalité touche directement les jeunes adolescents, car les jeunes des zones marginalisées sont plus vulnérables. En effet, ils rencontrent de grandes difficultés pour accéder à un emploi. Les possibilités qui existent dans l’industrie du tourisme ne se transforment pas en emplois pour cette population. Ceci est lié aux employeurs qui sont réticents à embaucher des jeunes locaux et qui préfèrent donner des emplois à des étrangers ayant de meilleures compétences.

Consciente de l’importance que les changements structurels sociaux ont sur les droits de l’homme, je suis convaincu que les deux projets remarquables de Paniamor (Girasoles et Trayectorias Juveniles) auront un impact positif sur la vie des jeunes. J’ai eu l’occasion de rencontrer et d’interagir en novembre et décembre 2018 avec plus d’une centaine d’adolescents et j’ai pu constater comment les programmes de développement motivent les jeunes à changer leur avenir.

Surmonter l’imminence

Le projet Girasoles (tournesols) se concentre sur l’autonomisation des femmes, leur leadership social et leur insertion professionnelle dans le marché du travail. Il traite de la situation des jeunes adolescentes de 15 à 21 ans qui n’étudient pas, ne travaillent pas et vivent dans des contextes caractérisés par l’exclusion sociale et des conflits en zones vulnérables. Le projet modèle a été lancé dans les villes de Santa Cruz (province de Guanacaste) et de Garabito (province de Puntarenas), deux villes à population vulnérable, sur la côte nord et centrale du Pacifique du Costa Rica.

Dans le cadre du projet, ces jeunes femmes participent à des ateliers sur les compétences professionnelles telles que le service à la clientèle, le tourisme, la manipulation des aliments et les TIC, entre autres. La formation artistique physique fait également partie du programme d’études afin de préparer les participants aux entrevues d’emploi. De plus, les participants apprennent et pratiquent le travail d’équipe, comprennent les écarts entre les sexes, les milieux de travail idéaux et les normes du travail. Enfin, les filles acquièrent des compétences non-techniques et affectives, qui jouent un rôle important dans leur employabilité.

Après deux ans d’ateliers différents et de formations complémentaires, sur 154 participantes, 69 ont obtenu un stage, 21 ont été embauchées (principalement dans l’industrie touristique), 46 ont repris leurs études et 10 ont lancé un projet entrepreneurial.

Quant au projet Trayectorias Juveniles, il s’agit d’une initiative à laquelle les garçons et les filles peuvent participer et qui servira de projet pilote jusqu’en 2020 dans la ville caribéenne de Limon (province du même nom). Les adolescents suivent un premier trimestre de formation aux compétences non techniques, après quoi ils effectuent un stage de 3 mois, où ils sont formés sur le lieu de travail.

Une première brève visite au centre du projet, où se tiennent les ateliers, m’a permis de discuter avec des jeunes admirables. Les adolescentes suivent les cours tous les jours, malgré les difficultés de la maternité pour certaines élèves et le manque de ressources pour le transport ou la nourriture. Désireux d’apprendre, ces jeunes s’intéressaient particulièrement à comment la vie est différente au Canada, à notre bilinguisme et, bien sûr, à la façon de composer avec le mauvais temps.

Par la suite, j’ai eu le privilège de participer à la sélection des personnes qui participeront à la deuxième cohorte du projet. En participant à une « semaine de défi » complète, les jeunes aspirants ont démontré leur désir et leurs capacités à suivre l’ensemble du programme avec discipline. L’impossibilité d’offrir le programme à un nombre illimité d’adolescents oblige Paniamor à mettre en place des standards pour sélectionner les candidats. La semaine de défi ainsi qu’un entretien individuel visent à garantir que les jeunes sélectionnés possèdent les compétences requises pour terminer le programme et utiliser au mieux les opportunités offertes.

Ces projets offrent des opportunités de participation à la formation professionnelle, visant à aider les jeunes à « surmonter le paradigme de l’imminence comme mode de vie » (selon les termes de Gilda Pacheco, directrice de Paniamor) et à comprendre les avantages de la planification, afin d’accéder à de meilleures opportunités. Dans le but de rendre ces projets durables à long terme, les projets modèles sont offerts au gouvernement afin qu’ils puissent être implantés à travers le pays. L’État pourrait bénéficier de stratégies qui ont fait leurs preuves et les utiliser pour mieux s’acquitter de ses obligations internationales de respecter les droits de l’enfant.

Les changements

La plupart des jeunes participants décrivent le processus comme une expérience transformatrice. Ils soulignent comment les ateliers ont été utiles, non seulement pour identifier leurs propres capacités et compétences, mais aussi pour surmonter leurs problèmes de confiance en soi. Cela est particulièrement récurrent dans le cas des jeunes filles qui apprennent à se reconnaître comme ayant de la valeur et influentes.

Par exemple, Lorena, une jeune diplômée de 18 ans de la première cohorte de Girasoles s’est rapidement démarquée comme une personne créative et dynamique et a réussi à obtenir un emploi dans une chaîne hôtelière régionale bien connue.

Un autre cas est celui de Francini, une adolescente de 17 ans qui est également mère d’un enfant de cinq ans. Elle a lutté contre les préjugés et surmonté sa propre timidité pour devenir l’une des leaders de sa cohorte. Ses inspirations professionnelles et personnelles incluent le développement d’un projet personnel d’entrepreneuriat et devenir une enseignante dans le domaine de la technologie. À cette fin, elle reçoit actuellement l’appui de Girasoles pour accéder à une formation éducative dans le domaine des compétences technologiques.

Enfin, Tania, une jeune fille de 21 ans qui vient de terminer son développement avec le projet à Limon. Elle nous a récemment fait part de son enthousiasme à l’idée de recevoir une bourse de l’Université Veritas de San José (Costa Rica) suite à sa participation à Trayectorias Juveniles, où elle a étudié la photographie.

Poursuite du renforcement

Au cours des prochains mois, j’animerai des ateliers sur la protection des droits des enfants, la prévention des mariages d’enfants et la traite des personnes avec les participants de la deuxième cohorte du projet Trayectorias Juveniles. Pour moi, c’est une grande satisfaction d’être invité à participer à ce processus et de contribuer à cet engagement de construire un Costa Rica plus inclusif. Cela exige l’autonomisation et l’intégration socioéconomique, en particulier dans les régions où l’exclusion et les conflits sociaux sont endémiques. En conclusion, le renforcement des capacités des jeunes, et particulièrement des jeunes femmes, est un pas vers l’élimination de la pauvreté, un objectif auquel le Canada contribue grâce au Programme de coopération volontaire.