Élimination du travail des enfants, où en sommes-nous en 2021 ?

travail enfants 2021

2021 a été désignée par l’ONU comme étant l’année internationale de l’élimination du travail des enfants. Encore aujourd’hui, on estime que 160 millions d’enfants travaillent à travers le monde, très souvent de force et dans des conditions dangereuses. À deux jours de la journée internationale du travail des enfants, une conférence virtuelle organisée par l’Association canadienne pour les Nations Unies du Grand Montréal (ACNU Grand Montréal) a rassemblé une quarantaine de participants afin de discuter de cet enjeu d’actualité et de grande importance.

L’événement a débuté avec une présentation des 2 panélistes :  Guillaume Landry – Directeur général, Bureau international des droits des enfants, et François Crépeau – Ancien Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme des migrants et membre du Conseil d’administration de l’IBCR, et s’est suivi d’une période de discussions, modérée par Elsa Jutras Vigneault – Membre du Conseil d’administration de l’ACNU du Grand Montréal.

De nombreux thèmes et enjeux ont été abordés, en commençant par les réalités du travail des enfants, dans ses pires formes, mais pas seulement, et l’impact indéniable de la pandémie sur le phénomène.

Le travail des enfants prend de nombreuses formes, et ses causes et effets sont différents en fonction du contexte. La précarité semble être un facteur commun relié à la plus grande majorité des cas préoccupants. M. Crépeau a notamment fait le lien avec les enfants migrants, particulièrement vulnérables, qui sont non seulement plus souvent amenés à travailler mais souffrent aussi d’un manque de support dans plusieurs domaines annexes tels que l’accès à la santé, l’éducation, ou encore le soutien de la famille.

Les pays dits « du nord » n’en sont pas à l’abri, au Canada par exemple, bien que de multiples conventions, comme la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, et les conventions 138, et 189 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) aient été ratifié, nos politiques ne sont pour autant pas à jour. Les ministères du Travail, de la Santé ou de l’Immigration n’exécutent pas les suivis nécessaires pour protéger correctement les enfants contre des formes d’abus. Au final, peu ou pas de sanctions sont réellement appliquées pour les employeurs qui utilisent à un moment dans leur chaine de production le travail des enfants.

La précarité est en partie créée et entretenue par des politiques d’immigration et du travail qui ne répondent pas aux exigences et aux pratiques nécessaires à la protection de l’enfant. <span class="su-quote-cite">M. Crépeau</span>

M. Landry a d’ailleurs rappelé l’importance du système de protection de l’enfant et des personnes qui doivent le protéger. Il faut sensibiliser et former correctement les travailleuses et travailleurs aux droits de l’enfant. Pas seulement les plus « visibles » comme les médecins ou les enseignants, mais aussi et surtout ceux qui travaillent dans des secteurs qui les amènent à travailler auprès des enfants les plus à risque, comme les policières et policiers, les travailleuses et travailleurs sociaux, les inspectrices et inspecteurs du travail, etc. afin qu’ils puissent identifier les signes du travail des enfants et mieux protéger les victimes.

Par ailleurs, si les organismes internationaux poussent à l’abolition totale du travail des enfants, plusieurs mouvements de jeunes se sont développés notamment en Amérique latine et en Afrique afin de pousser à une distinction entre le travail « néfaste » des enfants et un travail « bénéfique » qui, dans certains cas et de manière contrôlée, pourrait au contraire donner aux jeunes plus d’opportunités et ouvrir une porte entrée dans le marché du travail, tant que son accès à l’éducation n’est pas compromis.

Ce modèle n’enlèverait cependant rien au combat nécessaire et continue pour abolir le travail des enfants lorsqu’il est dangereux pour sa santé et son développement. Les chiffres sont préoccupants : un rapport présenté ce mois-ci par l’OIT et l’UNICEF montre qu’il y a aujourd’hui plus d’enfants qui travaillent qu’il n’y en avait il y a 4 ans, et parmi eux de plus en plus de jeunes qui travaillent dans des conditions dangereuses. La pandémie et la précarité qui l’a suivie sont en partie en cause, mais n’excusent pas tout; c’est le devoir de chaque pays et chaque gouvernement d’agir pour s’assurer de la protection de tous les enfants.

 

Pour en savoir plus : Lire le rapport « Travail des enfants, estimations mondiales 2020, tendances et le chemin à suivre »

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