[COMMUNIQUÉ] L’implication des enfants, clé de la lutte contre l’exploitation sexuelle

En 2021, le gouvernement du Québec publiait son plan d’action 2021-2026 intitulé « Briser le cycle de l’exploitation sexuelle » constitué de 37 mesures. Reposant essentiellement sur une collaboration entre les ministères concernés et avec les organismes spécialisés, ce plan révèle un consensus : miser sur la prévention est essentiel. Mais comment améliorer la prévention alors que les technologies évoluent, et que les risques qui leur sont associés également ? Et, surtout, qu’en pensent les principales personnes concernées, c’est-à-dire les enfants du Québec ?

À l’occasion de la Semaine nationale de la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs, qui se déroule cette année du 1er au 7 mars, le Bureau international des droits des enfants (IBCR) souhaite attirer l’attention sur la nécessité d’impliquer les enfants dans la lutte pour que cette dernière soit réellement efficace.

Si les jeunes sont parfois consultés sur les campagnes de sensibilisation qui leur sont destinés, ils restent encore trop peu impliqués, tant dans la mise en place d’actions de prévention que, de façon générale, dans leur propre protection.

En ne leur permettant pas de prendre part au débat, nous nions leur droit à la participation, pourtant l’un des principes directeurs de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Ce droit permet aux enfants de donner leur opinion sur les sujets qui les concernent, incluant les enjeux de société comme l’exploitation sexuelle des enfants, et garantit la prise en compte de leur opinion par les adultes.

Pour mieux prévenir l’exploitation sexuelle des enfants, nous devons changer la vision que nous avons d’eux, en tant que société. Plutôt que les percevoir comme devant seulement être protégés, nous devons considérer les enfants comme véritablement capables d’agir pour leur propre protection.

Ce changement doit se faire à tous les niveaux de la société, et pour être efficace, doit s’accompagner d’une volonté politique forte. Nous en sommes encore loin.

Dans cette optique, l’IBCR met en œuvre depuis 2020 le projet « Parole aux jeunes ! », pour mieux prévenir et lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants au Québec, en renforçant leur implication. Plus de 70 jeunes de 14 à 17 ans travaillent ainsi depuis deux ans à mieux comprendre l’enjeu de l’exploitation sexuelle, à analyser les campagnes menées ces dernières années dans la province et à étudier leur environnement sur la question. Sur cette base, ils formuleront des recommandations destinées aux décisionnaires politiques pour mieux prévenir l’exploitation sexuelle des enfants, qui seront révélées au printemps prochain.

Seule une action concertée pourra se révéler efficace pour lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants, en impliquant de façon durable et systématique les différents acteurs concernés, en particulier les jeunes. Pour générer un réel changement, nous devons cesser de parler pour eux, sans eux, que ce soit en matière d’exploitation sexuelle, mais aussi pour tous les enjeux qui les concernent.