Celles et ceux qui font la différence

Karina Fauteux est conseillère juridique volontaire en Côte d’Ivoire dans le cadre du projet Protection des droits des enfants, des femmes et autres collectivités vulnérables (PRODEF). Ce projet, réalisé grâce à l’appui d’Affaires mondiales Canada, est mené en consortium avec Avocats sans frontières Canada (ASFC).

Juin est à nos portes. La saison des pluies commence. Il y a exactement un an, je commençais le processus de sélection pour un poste de conseillère juridique volontaire en Côte d’Ivoire. Mon périple était sur le point de prendre son envol. Je retournerai bientôt à l’aéroport pour refaire le trajet à l’envers après une année passée ici. Tout n’est pas parfait, mais dans quel endroit est-ce le cas ? J’ai toujours cru que ce qui rend une expérience mémorable ce sont les gens que l’on croise sur la route de l’aventure. Certaines personnes ne sont que de passage alors que d’autres marchent à nos côtés beaucoup plus longtemps. J’ai eu la chance d’être accompagnée par énormément de personnes au cours de ce mandat, des personnes qui ont su faire la différence pour moi.

Dès mon premier jour, l’AFJCI a déployé des efforts pour que je me sente bien accueillie. Malgré les quelques heures de retard de mon vol d’arrivée, Ahmed, le chauffeur de l’organisation m’attendait toujours à ma sortie de l’aéroport pour me conduire chez la présidente de l’AFJCI. Mme Zébéyoux m’a généreusement offert la chambre de sa fille pour ma première semaine à Abidjan. Mon premier contact avec la Côte d’Ivoire se fait donc en douceur.

C’est la secrétaire générale de l’AFJCI et responsable des coopérantes, Fatimata Diabate, qui prend le relais. Elle m’introduit à l’équipe et m’explique la suite des choses. Elle sera tout au long de mon mandat une personne ressource qui me guide dans la réalisation de nos projets et qui m’appuie dans l’accomplissement de mes travaux. Elle fait partie de ses personnes qui font la route avec nous le temps de notre séjour. 

Aristide, notre comptable de la Clinique juridique de San Pedro, me prend alors sous son aile pour le petit bout de chemin qu’il me reste encore à parcourir jusqu’à l’endroit que j’appellerai sous peu « mon chez moi ». Il est notre comptable, mais également notre responsable logistique informel. Il est celui vers qui je me tourne pour m’aider à payer mes premières factures, mais également celui qui me raccompagne chez moi les soirs de journées plus difficiles. Il répond toujours présent à mes appels de détresse.

Le lendemain de mon arrivée dans mon nouvel habitat, on m’introduit aux autres membres de l’équipe.On ne choisit pas soi-même ses collègues de travail, mais force est de constater que si j’avais eu l’opportunité de faire ce choix, je n’aurais pas fait mieux. Une fois la barrière des accents dépassée, je découvre avec grand bonheur une équipe dynamique qui met tout en œuvre pour m’aider à m’installer et à me sentir confortable dans ma nouvelle ville. 

La stagiaire, Maïmouna, m’accompagne au marché pour négocier pour moi mes fruits et légumes, mes casseroles ou encore mes ustensiles de cuisine. Hubert, Patrice et Yoboue m’emmènent dans les makis pour que je découvre de nouveaux endroits. Vanessa ramène au bureau des petits plats qu’elle s’empresse de me faire goûter. Billy et Adamo, chauffeur et agent de liaison communautaire de la clinique, me reprochent de ne pas utiliser leurs services lorsque je ne me porte pas bien. La directrice de la clinique de San Pedro, Kadiatou Konate, devient rapidement une alliée et une confidente. Elle m’appuie, me suggère des améliorations et m’implique dans les interventions de la clinique. Même Rosine qui nous prend en cours de mandat s’applique à me traiter comme tous les autres membres. 

Au bout de quelques semaines à peine, les participants de formations de la clinique saluent mon intégration. Pour eux, il n’y a aucune distinction entre les autres juristes de la clinique qui participent à l’activité et moi. Un tel exploit ne peut être réussi sans l’implication de chaque membre de l’organisation. Au fils du temps, certains m’interpellent en utilisant « ma sœur » ou « ma fille ». Ils sont devenus un peu comme une famille d’accueil. C’est le cœur gros que je vois mon départ approché. Avec un peu de chance et d’efforts, la vie nous permettra peut-être de nous côtoyer à nouveau. Inshallah.