Ce mardi, 12 jeunes ont été condamnés pour «proxénétisme aggravé» sur une dizaine de mineures. Le phénomène banalisé est en nette augmentation depuis quatre ans. La Brigade de protection des mineurs de Paris doit d’ailleurs faire face à des réseaux mobiles et «éphémères».
Elles ont 14 ans et sont en manque de repères affectifs. Attirées par l’argent «facile» qu’on leur promet, certaines adolescentes se laissent rapidement entraîner dans des réseaux de prostitution. Ce mardi 3 juillet, 12 jeunes proxénètes ont été condamnés à des peines allant de six mois avec sursis à trois ans et demi de prison ferme pour avoir prostitué en région parisienne et en Belgique 16 victimes dont 11 mineures. Mais d’après le commissaire divisionnaire Vianney Dyevre de la Brigade de protection des mineurs de Paris (BPM), ce n’est pas un cas isolé. En 2017, la BPM a enquêté sur 90 dossiers de «prostitution volontaire» représentant environ 150 victimes.
Avec 20 dossiers recensés en 2014, le phénomène est depuis en nette augmentation. Pour cette année 2018, la BPM en a suivi une quarantaine. De leur côté, les ONG ont dénombré 6.000 à 10.000 mineurs victimes sur tout le territoire français en 2016, principalement des filles.
Impossible pour ces dernières d’accepter le mot «prostituée», préférant se définir comme des «escort girls». «Tant qu’elles ne sont pas sur le trottoir, elles estiment qu’il ne s’agit pas de prostitution», explique Arthur Melon de l’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE). Insupportable également de se présenter comme des victimes. «C’est très difficile à admettre. Ça va à l’encontre de la construction identitaire qu’elles veulent: être des jeunes femmes autonomes et avoir une vie de jet set. Elles préfèrent se bercer d’illusions». L’illusion qu’elles sont heureuses de mener cette vie et qu’il s’agit simplement d’une mode sans danger. «Je fais ce que je veux de mon corps», s’est d’ailleurs défendue une jeune fille prostituée par le groupe de 12 proxénètes.
Photo: Oliver Boehmer/bluedesign