Enfants acteurs de changement : une initiative pour briser le silence sur les violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire

Marie-Josette Tchoum

Afrique du Nord

Côte d’Ivoire

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Lorsque l’IBCR m’a proposé de faire un mandat en communication en Côte d’Ivoire au Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), c’est avec enthousiasme que j’ai répondu oui. D’origine ivoirienne, j’ai toujours désiré faire le pont entre mon pays d’adoption, le Canada, et la Côte d’Ivoire en contribuant de manière pratique à son développement. Ce mandat représentait pour moi une opportunité de mettre mes compétences au service d’une cause qui me tient à cœur : la protection des droits des enfants. 

Au sein du CNDH, le mandat s’articule autour de trois axes principaux : réaliser un état des lieux des pratiques existantes, élaborer une stratégie de communication adaptée, et mettre en place des procédures et outils de communication efficaces pour soutenir les objectifs nobles de cette institution, dont le mandat est de promouvoir, protéger et défendre les droits de l’Homme. 

En parallèle, j’ai été chargée de soutenir les activités initiées depuis 2022 dans le cadre du laboratoire social en Côte d’Ivoire. Ce projet ambitieux réunit trois organisations partenaires de l’IBCR : le Forum des ONG et Associations d’Aide à l’Enfance en Difficulté, l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire et le CNDH. Ensemble, elles imaginent de nouvelles approches afin de faire progresser la protection de l’enfant et de garantir le respect de ses droits. C’est dans ce contexte que nous avons organisé une session d’échange, le jeudi 20 février 2025, dans les locaux du CNDH; une journée riche en échanges et en perspectives. 

La situation des droits de l’enfant en Côte d’Ivoire : un combat quotidien 

Bien que la Côte d’Ivoire ait ratifié la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE) en 1991 et la Charte Africaine des Droits et du Bien-être des Enfants (CADBE) en 2002, renforçant ainsi son cadre juridique, les violences sexuelles, psychologiques et émotionnelles envers les enfants restent un défi majeur. En effet, en 2022 le système national de collecte de données sur les Violences Basées sur le Genre (VBG) a enregistré 7919 cas rapportés, dont près de 79 % concernaient des enfants de moins de dix-huit ans. L’année suivante, l’annuaire statistique du Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant a révélé 6142 cas de violences sexuelles dans le secondaire général et 122 dans le primaire, touchant notamment les filles en classe de CM2. 

Ces violences sont souvent perpétuées en silence, alimentées par des règlements à l’amiable, la peur de dénoncer, des normes culturelles profondément ancrées et un manque criant d’informations sur les structures de prise en charge. Les victimes, déjà meurtries physiquement et émotionnellement, se retrouvent souvent privées de justice et de réparation, ce qui affecte durablement leur santé mentale et physique. Face à cette réalité, il est urgent d’agir. 

Une initiative pour redonner la parole aux enfants 

C’est dans ce contexte que sous l’impulsion de l’IBCR, les rencontres entre les organisations ont abouti à la rédaction de l’initiative : "La participation active de l’enfant dans la prise en charge juridique et judiciaire des violences basées sur le genre (VBG) en Côte d’Ivoire". L’objectif est clair : impliquer les enfants dans leur propre protection, en faisant d’eux des acteurs de changement. Pour y parvenir, les organisations partenaires souhaitent mettre en place un programme en trois étapes.  

La première étape consiste à former 20 enfants de 8 à 18 ans, identifiés avec des associations locales. Ces "champions" seront formés pour comprendre le système de protection et surmonter leur peur, afin de dénoncer les violences. Nous créerons avec eux des modules éducatifs accessibles sur la prise en charge des victimes, en impliquant également leurs parents pour renforcer l’impact. 

La deuxième étape est collaborative : les enfants réaliseront des capsules vidéo et des affiches de sensibilisation. Ces supports seront largement diffusés sur les réseaux sociaux, les sites des partenaires, dans les écoles et auprès des services de protection, pour toucher un public large avec des messages conçus par et pour les enfants. 

Enfin, la troisième étape vise à pérenniser l’initiative en assurant une diffusion continue des supports après le projet. Cette approche responsabilisera les enfants et renforcera leur confiance pour agir en faveur de leur propre protection 

En les plaçant au cœur de la stratégie, on accompagne l’amplification de leur voix, une voix qui, je l’espère, contribuera à changer les mentalités et à bâtir une société où chaque enfant pourra grandir en sécurité et dans la dignité. Je suis impatiente de rentrer dans l’étape de réalisation du projet, agir et avoir de l’impact grâce au Programme de Coopération volontaire. 


* Les opinions, idées et propos exprimés dans les billets de blogue des personnes coopérantes sont ceux de l’auteur·e et peuvent ne pas refléter l'identité organisationnelle ni les axes programmatiques de l'IBCR.

 

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