Ixoqib’ Miriam: une équipe dédiée aux femmes et aux filles indigènes survivantes de la violence

Par Catherine Raymond, conseillère en gestion au Guatemala auprès de l’association Miriam, au sein du projet Protection des droits des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables (PRODEF). Ce projet, mené en consortium par Avocats sans frontières Canada (ASFC) et l’IBCR, est réalisé avec l’appui du gouvernement du Canada accordé par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Notre partenaire, l’association Miriam œuvre pour la promotion des droits de la femme, des enfants et adolescent(e)s et des peuples autochtones du Guatemala.

En tant que professionnelle en gestion, je souhaitais mettre à contribution l’expérience acquise à titre de directrice générale et conseillère en développement organisationnel et entrepreneurial au service d’organismes d’aide à la personne afin de contribuer aux mieux-être des populations vulnérables.

Mon mandat se situe au niveau du renforcement des capacités organisationnelles et des communications. Un mandat qui demande de la délicatesse et du doigté pour une étrangère de passage. Les premières interventions ont surtout été axées sur la cueillette d’informations auprès des différents intervenants internes et externes afin de saisir la dynamique et les modes d’intervention des différents acteurs. Puis l’identification des besoins a été réalisée avec la direction de l’organisation. Actuellement, l’élaboration d’outils tant au niveau des communications que du développement organisationnel est en cours.

Éventuellement, Ixoqib’ Miriam pourra compter sur un plan d’amélioration de l’impact de ses interventions, un plan de communication ainsi que sur des outils, des modèles et des guides pouvant les appuyer dans leur développement institutionnel interne et externe.

Chez Ixoqib’ Miriam, la journée débute par une cérémonie de connexion avec les ancêtres. Réunies en cercle autour d’un arrangement floral, les femmes se tiennent par la main et, selon les thématiques du calendrier maya, elles demandent aux anciens de les guider avec leur sagesse dans leur journée.

Une quinzaine de femmes travaillent dans les bureaux de Ixoqib’ Miriam à Guatemala Ciudad mais, elles sont en tout une centaine répartie dans les communautés mayas à appuyer les victimes de violence.

Selon les dernières analyses de la situation des femmes indigènes au Guatemala, les comportements violents s’exercent comme moyen de contrôle de la fille depuis sa tendre enfance à travers la dévalorisation, la dénigration et des gestes physiquement violents. Ainsi les jeunes femmes intègrent très rapidement que leur valeur est moindre que celle des garçons et que leurs capacités de développement et d’apprentissage sont limitées. Elles abordent donc l’adolescence avec une faible estime d’elles-mêmes. Ixoqib’ Miriam, dans son approche globale de l’enfant et de la jeune femme, offre des ateliers de valorisation des connaissances et des compétences et de développement global incluant la cosmovision maya afin de déconstruire cette conception négative qu’elles ont d’elles-mêmes pour en reconstruire une nouvelle.

Les ateliers de développement, les rencontres individuelles et de groupes avec des travailleurs sociaux et des psychologues ainsi que le programme de bourses d’étude pour les survivantes de la violence constituent les principales interventions de Ixoqib’ Miriam. Certains ateliers sont également offerts aux parents de jeunes victimes pour développer leurs capacités à appuyer leur fille dans l’épreuve qu’elle traverse. La réappropriation de leur identité, la connaissance de leurs droits et la reconnaissance de leur valeur permet à ces jeunes femmes de développer un nouveau projet de vie à la hauteur de leurs aspirations.