Communiqué de presse: lutte contre la traite des personnes au Costa Rica

  • Le délit de la traite des personnes dans le monde n’est surpassé que par le narcotrafic en termes lucratifs 
  • Le Costa Rica comptabilise plus de 200 victimes de la traite des personnes en 8 ans.

 

San José, le 24 septembre 2018. Le congrès international qui a eu lieu les 24 et 25 septembre 2018 a été tenu afin d’améliorer les compétences des professionnels de la lutte contre la traite des personnes dans notre pays. Il a notamment permis d’exposer les tendances d’enquêtes relatives à ce délit, ainsi que ses nouvelles modalités de fonctionnement.

 « Ce congrès est une opportunité pour les autorités impliquées dans les enquêtes, la prévention et la poursuite du délit, ainsi que dans la prise en charge des victimes. Il encourage les échanges techniques de haut niveau, cruciaux pour l’élaboration des mécanismes de plaidoyer. Par ailleurs, nous croyons qu’il est nécessaire d’être à jour sur les nouvelles tendances mondiales de ce délit, afin de pouvoir y faire face de manière efficace », a commenté Fabrizio Biondi Morra, directeur des programmes dans les Amériques du Bureau International des Droits des Enfants (IBCR, par ses sigles en anglais). »

Le délit de traite des personnes consiste à promouvoir, faciliter, favoriser ou exécuter la capture, le transfert, le transport, l’hébergement, la dissimulation, la rétention, la livraison ou l’accueil d’une ou de plusieurs per

sonnes à l’intérieur ou à l’extérieur du pays pour les soumettre à des travaux ou services forcés et aux autres formes d’exploitation du travail, de servitude, d’esclavage ou de pratiques analogues à l’esclavage, au mariage servile ou forcé, à l’adoption irrégulière, à la mendicité forcée, à la grossesse forcée, à l’avortement forcé et à toute forme d’exploitation sexuelle.

En outre, le délit de traite des personnes consiste à utiliser la victime en recourant à la menace, force ou autres formes de coercition (enlèvement, fraude, tromperie, abus de pouvoir), afin d’obtenir, pour soi-même ou pour un tiers, un quelconque bénéfice. Il peut également consister à profiter d’une situation de vulnérabilité pour obtenir des paiements ou des prestations, ou encore pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre.

« Ce fléau touche des millions d’hommes et de femmes dans le monde et la seule condition pour en être victime est d’être une personne. Malheureusement nous sommes confrontés à des réseaux de crime organisé parfaitement conçus pour les attirer, les tromper et ensuite les utiliser comme marchandise, dans un négoce hautement profitable qui constitue également l’une des violations les plus graves des droits de la personne» a commenté Daguer Hernández, directeur a.i. de la Direction Générale de la Migration et des Étrangers (Dirección General de Migración y Extranjería)

La complexité de la traite des personnes et des autres délits connexes place le pays face à des défis majeurs en termes de prévention, de protection efficace et de restitution des droits des victimes, mais également en termes de poursuites pénales contre les trafiquants. C’est la raison pour laquelle le congrès rassemble des experts internationaux qui viennent partager leurs expériences en matière de gestion d’enquêtes et de poursuite de ce délit.

 

Victimes à la hausse

Selon les informations fournies par l’Équipe d’Intervention Immédiate (ERI, par ses sigles en espagnol) du Secrétariat de la Coalition nationale contre le trafic illicite de migrants et la traite des personnes (CONATT, par ses sigles en espagnol), 211 personnes ont été victimes de la traite des personnes au Costa Rica entre 2010 et septembre 2018.

Au Costa Rica, « nous défendons la plainte du citoyen et de la citoyenne en tant que base indispensable pour détecter de possibles cas de traite. Cependant, grâce aux efforts de toutes les institutions impliquées, nous avons eu une augmentation considérable du nombre d’affaires enregistrées et traitées. Par exemple, en 2017, nous avons traité 34 plaintes pour traite des personnes, dont 2 pour adoption irrégulière, 3 pour exploitation du travail et 29 pour exploitation sexuelle commerciale, tandis qu’en 2018, 41 plaintes ont été déposées  » a expliqué Freddy Chacón, responsable de la Section des délits contre l’intégrité physique et la traite des personnes de l’organisation d’enquête judiciaire (Sección de Delitos contra la Integridad Física, Trata y Tráfico de Personas del OIJ / DCIFTT).

Selon les chiffres enregistrés par cette section de l’OIJ, les nationalités les plus nombreuses parmi les victimes enregistrées au Costa Rica de 2010 à 2018 sont celles du Costa Rica, du Nicaragua, de la République dominicaine, de la Colombie, du Salvador, de la Chine et du Honduras. Il y a également des cas de personnes originaires d’Haïti, d’Afrique du Sud, du Ghana, du Congo, du Venezuela, de Panama, d’Albanie et du Guatemala. « Le Costa Rica est un pont migratoire en raison de sa position géographique, par conséquent, nous requérons que la population civile collabore avec nos services pour signaler ces cas. Même anonymement, cela pourrait aider sauver beaucoup de vies, nous avons besoin d’utiliser notre « malice » pour empêcher que cela arrive et surtout ne pas avoir peur d’alerter les autorités en cas de doutes », Chacón a précisé.

Profil des victimes

La traite des personnes vise tout type de personne. Cependant, les autorités ont identifié des groupes présentant une plus grande vulnérabilité en raison de leur situation socioéconomique, des jeunes professionnels à la recherche d’emploi, des femmes, des enfants et des adolescentes.

 « Nous n’avons pas de profils préétablis car nous pouvons tous être trompés et devenir victimes de la traite. Cependant, nous pouvons identifier certains groupes qui sont plus vulnérables, par exemple les femmes ou les personnes qui vivent dans la pauvreté », a déclaré Eugenia Salazar, procureure adjointe à la section spécialisé contre la traite des personnes et le trafic illicite des migrants du Ministère Public (Fiscalía Especializada contra la Trata de Personas y el Tráfico Ilícito de Migrantes del Ministerio Público / FACTRA).

Selon les données de la CONATT, les zones côtières à forte densité touristique et le centre-ville de la capitale peuvent être des endroits propices pour attirer les gens. En outre, il existe des nouvelles modalités cybernétiques. Par exemple, de faux profils ont été identifiés sur les réseaux sociaux, des pages Web d’universités et les entreprises nationales ou internationales qui se font passer pour des vrais sites et qui cherchent à attirer des jeunes étudiants ou des professionnels, lesquels cherchent un meilleur avenir et sont proies plus faciles.

 

Ce congrès est organisé par le Bureau international des droits de l’enfant (IBCR, par ses sigles en anglais), avec le soutien d’Affaires mondiales Canada, la Secretaría Técnica de la Coalición Nacional contra el Tráfico Ilícito de Migrantes y Trata de Personas (CONATT), la Fiscalía Especializada contra la Trata de Personas y el Tráfico Ilícito de Migrantes (FACTRA) del Ministerio Público y la Sección de Delitos contra la Integridad Física, Trata y Tráfico de Personas (DCIFTT) del Organismo de Investigación Judicial. Il se déroule le 24 et 25 septembre à l’hôtel Radisson de San José.

 

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