Un élève sur trois victime de violence à l’école

Quels jeunes risquent le plus d’être intimidés, de décrocher ou de ne pas dormir assez ? Une étude de l’Institut de la statistique du Québec publiée hier et portant sur la santé et le bien-être des jeunes dresse un portrait de la situation.

Au total, 32 % des élèves du secondaire ont été victimes d’au moins un geste d’intimidation à l’école ou sur le chemin de l’école, selon l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017.

« Les garçons sont plus nombreux, en proportion, à se dire victimes de violence sur le chemin de l’école ou à l’école (36 % des garçons comparativement à 28 % des filles), alors que les filles sont proportionnellement plus nombreuses à être victimes de cyberintimidation (9 % comparativement à 3,5 %) », peut-on lire.

Chez les élèves des 1re, 2e et 3e secondaires, la probabilité de subir de la violence est plus élevée, comparativement aux élèves de 5e secondaire.

La diminution du risque d’être victime de violence à l’école à mesure que l’on vieillit, fait-on remarquer dans l’Enquête, a déjà été observée dans d’autres études.

À noter que l’indice sur la violence à l’école a été mesuré à partir de huit questions soumises aux jeunes. Les injures, les coups, les menaces et le risque de se faire voler des choses étaient notamment pris en compte.

Une autre étude, réalisée celle-là par Michel Janosz, de l’Université de Montréal et rendue publique en septembre, insistait sur les victimes collatérales de la violence : être témoin d’actes de violence dans une école secondaire peut mener, quelques années plus tard, à des troubles comme de l’anxiété, un désintérêt envers l’école ou la consommation de drogues.

Sommeil

Le tiers des jeunes du secondaire – aussi bien les filles que les garçons – dorment moins longtemps que le minimum requis (de 8 à 10 heures environ) pour leur âge.

Et il est très possible que le problème soit plus aigu que ce que l’enquête a mesuré, pressentent les auteurs. « En effet, une récente étude britannique a révélé que 22 % des 12-13 ans et 23 % des 14-15 ans se réveillent la nuit pour consulter les réseaux sociaux. […] Si cela s’avère également le cas pour les jeunes du Québec, il en découle que la durée de sommeil mesurée dans l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire pourrait être surestimée. »

Surprise : les élèves qui ne travaillent pas durant l’année scolaire ont davantage tendance à dormir moins que le nombre d’heures minimal requis, comparativement à ceux qui ont un emploi.

« On peut penser qu’un certain sens des responsabilités caractérise les élèves qui ont un emploi », écrivent les auteurs de l’étude.

Autre source d’étonnement : les jeunes en garde partagée affichent une probabilité moindre de manquer de sommeil (du moins, les jours où ils sont en classe).

Par ailleurs, les élèves victimes de violence durant l’année scolaire sont plus susceptibles d’avoir un déficit de sommeil, ce qui, selon l’enquête, rejoint une étude menée en Ontario en 2015 qui concluait que la détresse psychologique et l’anxiété minaient les nuits de beaucoup de jeunes.

Décrochage

Toujours selon l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017, près de 18 % des élèves présentent un indice élevé de risque de décrochage scolaire.

Les plus susceptibles d’abandonner l’école avant l’heure ? Ceux qui ont une faible estime d’eux-mêmes, ceux qui ont un diagnostic de trouble de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et ceux qui manifestent des comportements d’agressivité physique.

Les résultats de l’enquête montrent aussi que les élèves issus des familles reconstituées, monoparentales et autres (les familles d’accueil, par exemple) présentent une probabilité plus grande de se situer au niveau élevé de l’indice de risque de décrochage.

Les auteurs de l’enquête posent l’hypothèse que « le stress en milieu familial peut avoir un impact négatif sur l’engagement et la performance scolaires de l’élève ».

Les élèves dont les parents ont un niveau de scolarité inférieur aux études universitaires et ceux dont au moins un parent n’a pas d’emploi sont également plus à risque de décrocher.

Enfin, le niveau de supervision des parents est aussi apparu comme étant associé au risque de décrochage, mais seulement chez les garçons, peut-on lire.

La clé: l’estime de soi

Intimidation, sommeil insuffisant, décrochage. De tous les facteurs de risque qui ont été étudiés par l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017, la faible estime de soi ressort comme étant partout un facteur de risque. « Elle est liée à la probabilité de ne pas atteindre le nombre d’heures de sommeil recommandé. Un élève qui croit moins en sa valeur personnelle ou en ses capacités montre une plus grande probabilité d’être victime de violence ou de cyberintimidation. Par ailleurs, la probabilité est plus forte pour un jeune de se situer au niveau élevé de risque de décrochage, lorsqu’il n’a pas un niveau élevé d’estime de soi », conclut l’étude.

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