Les migrants de Paris, de véritables ombres qu’on ne voit plus

Ils sont des centaines à se faire discrets, à dormir sous des sections de l’autoroute périphérique qui encercle Paris. Des migrants pour la plupart. Ignorées des automobilistes, ces « ombres » rappellent que la France n’a pas vraiment de leçon à donner en matière d’accueil.

Une odeur difficile à décrire s’échappe de la petite tente verte posée sur une terre humide, à quelques mètres de l’autoroute périphérique qui encercle Paris. Un mélange d’humidité et de transpiration.

« Welcome », dit en anglais cette jeune adulte timide. Semin accepte de nous montrer l’endroit qui lui sert d’abri, à elle et à sa famille de sept. Ils ont quitté l’Afghanistan il y a deux ans, par crainte de persécution, par espoir de trouver mieux.

Il y a eu l’Iran, la Turquie, la République tchèque, l’Allemagne, puis Paris. Ça fait plus de deux mois qu’ils dorment sur une terre battue humide, à quelques mètres des véhicules qui crachent des fumées de diesel.

« C’est horrible », explique la jeune femme de 21 ans. « Il a fait très froid la nuit dernière. Tout le monde est malade. Mon père fait de l’asthme. Les températures froides, ce n’est pas bon pour lui. »

La nuit, la famille se colle pour se réchauffer. Le jour, elle trouve un peu de chaleur en marchant jusqu’à la bibliothèque ou dans l’entrée du cinéma. Pour les besoins essentiels, il y a la toilette publique au bord du parc.

Des centaines de tentes cachées

La famille de Semin n’est pas seule à camper sur ce terre-plein. Juste à côté, des Nigérians ont installé quelques tentes. Sur le banc de parc, quelques valises, des vivres et des jouets pour les petits.

Leur vie est étalée en plein air, mais il est facile de ne pas les remarquer. Les tentes sont placées près d’une petite haie, dans un espace peu fréquenté par les piétons pressés.

Selon les estimations officielles, ils sont entre 1000 et 2000 à dormir dans des abris de fortune autour du « périph » parisien. Un nombre qui fluctue avec les arrivées et les départs vers des logements d’accueil.

« Un véritable gâchis humain, budgétaire, d’image »

Les demandeurs d’asile ont le droit d’être logés le temps que leur cas soit étudié par les autorités françaises. Seul hic, les demandes ne cessent d’augmenter depuis quelques années. Et particulièrement dans la grande région parisienne.

D’où le manque d’espace. Et c’est plus difficile pour les familles nombreuses, comme celle de Semin, d’avoir accès à un logement.

Partout où nous allons, on nous dit : « Vous devez attendre, on ne trouve pas de places pour vous ».

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