Au Mali, l’insécurité est aussi alimentaire et les enfants en sont les premières victimes

Dans la région de Ségou, les changements climatiques et les violences communautaires entraînent une hausse de la malnutrition, qui touche plus de 11 % des habitants.

 

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), les mauvaises récoltes de 2017, dues à des pluies insuffisantes et mal réparties en raison du dérèglement climatique, ont plongé plus de 4,3 millions de Maliens dans l’insécurité alimentaire. Dans la région de Ségou, la malnutrition aiguë a augmenté de manière drastique, touchant 11,2 % de la population cette année, contre 8,9 % en 2017.

Instabilité grandissante

Le docteur Morica Traoré ne cache pas son inquiétude : « Cette année, nous avons connu une hausse importante des enfants malnutris sévères. Ils sont 16 % de plus que l’an dernier. » Près de 4 500 enfants ont franchi le seuil du centre pour cette raison ; un nombre auquel le responsable nutrition du district sanitaire de Ségou affirme ne jamais avoir été confronté et qui lui fait craindre « une crise nutritionnelle sans précédent » dans les mois à venir.

Les récoltes prochaines devraient être meilleures grâce aux pluies abondantes (qui ont même provoqué des inondations par endroits), mais le dérèglement climatique n’explique pas à lui seul la pénurie en cours dans la région de Ségou.

S’y ajoute une instabilité grandissante. « Dans le centre du Mali, les violences communautaires ont tué plus de 200 civils en 2018, chassé de chez elles des milliers de personnes, détruit les moyens de subsistance et provoqué la généralisation de la famine », alerte Human Rights Watch dans un récent rapport. Les blocus imposés à certains villages par les groupés armés empêchent même les mères de se déplacer jusqu’aux centres de santé.

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