Les Atikamekw maintenant responsables de la protection de la jeunesse dans leurs communautés

Le conseil de la Nation Atikamekw (CNA) devient la première nation autochtone au Québec à établir officiellement une entente avec le gouvernement afin d’instaurer son propre régime de protection de la jeunesse. Une signature qui intervient 17 ans après le changement de la loi sur la Protection de la jeunesse permettant une telle entente.

Les enfants et jeunes Atikamekw de Wemotaci et de Manawan qui habitent l’une ou l’autre de ces communautés ou sur le territoire urbain de la Tuque vont désormais être sous le régime de la protection sociale du CNA.

«Cette signature est la reconnaissance par les autorités québécoises du régime particulier qui est le système d’intervention d’autorité atikamekw. C’est aussi un pas vers l’autonomie, vers la gouvernance atikamekw

– Alice Cleary, directrice de la protection sociale au CNA

C’est aussi une grande fierté pour les Atikamekw, car la Nation travaille sur ce dossier depuis des années.

Un projet pilote est mené dans ces communautés depuis l’an 2000. Son nom : le Système d’intervention d’autorité atikamekw (SIAA).

Le SIAA s’occupe des situations normalement assumées par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ): des situations pour lesquelles la sécurité d’un enfant est compromise, comme une agression sexuelle, de la violence physique ou encore de la négligence, mais aussi les situations concernant les jeunes délinquants.

C’est un système conçu par et pour les Atikamekws. « Dès le début, on intervient auprès des familles. La mobilisation de la famille élargie est aussi très importante », explique la directrice de la protection sociale au CNA, Alice Cleary. C’est une approche collective avec une responsabilisation individuelle, familiale et communautaire. »

« La réussite est là », assure Alice Cleary.

Garder les enfants dans leur milieu

Avant l’an 2000, les dossiers jeunesse étaient surtout traités par des ressources extérieures, chez les non-Autochtones et beaucoup d’enfants placés dans des familles d’accueil extérieures. Désormais, en moyenne, 80 % des enfants sont maintenus dans leur famille proche, dans la famille élargie ou encore dans une famille d’accueil atikamekw.

Quand le SIAA prend une situation en main, plusieurs étapes sont prévues, la dernière étant la judiciarisation. D’abord et avant tout, il y a le conseil de famille qui comprend la directrice de la protection sociale, les parents, l’enfant, idéalement les grands-parents et toute personne significative de l’entourage de l’enfant.

Son objectif : choisir les mesures pour corriger la situation, car comme pour la DPJ, la majorité des cas sont de la négligence. Lors du conseil, les explications et interventions se font en atikamekw, dans un site qui n’est pas un local utilisé par les services sociaux : forêt, centre communautaire…

Crédit photo: Wikimédia

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